Aperçu d'un budget visant à générer des investissements du secteur privé dans l'économie et à accroître les échanges commerciaux
Le premier ministre Mark Carney s'est entretenu avec le chef conservateur Pierre Poilievre avant la finalisation du budget 2025. / PHOTO TWITTER
Le premier ministre Mark Carney a annoncé un investissement fédéral majeur dans les nouvelles technologies nucléaires en Ontario, alors qu'il présentait la stratégie économique de son gouvernement avant le budget du 4 novembre.
Afin de contribuer à la construction du premier des quatre petits réacteurs modulaires (SMR) à côté de la centrale nucléaire de Darlington, près de Toronto, Ottawa dépensera 2 milliards $ au moyen du Fonds de croissance du Canada, et l'Ontario contribuera à hauteur de 1 milliard $.
M. Carney s'est joint au premier ministre Doug Ford à Bowmanville jeudi pour faire cette annonce, soulignant que les SMR représentent le type d'avancées technologiques qui fourniront d'excellents emplois et des avantages économiques pour le Canada à l'avenir.
Les SMR injecteront 500 millions $par an dans la chaîne d'approvisionnement canadienne, tandis que la construction, l'exploitation et la maintenance des unités augmenteront le PIB du Canada de plus de 38 milliards $au cours des 65 prochaines années, a déclaré M. Carney.
« Nous sommes une superpuissance énergétique, et nous ne faisons que nous renforcer. Ce projet fera de nous le premier pays du G7 à disposer d'un tout nouveau type de réacteur nucléaire », a fait remarquer M. Carney.
« [Il s'agit] d'un investissement générationnel, un investissement qui renforcera le leadership mondial du Canada dans le domaine de l'énergie propre. »
M. Carney, qui a déclaré envisager des allégements fiscaux pour les entreprises dans le prochain budget, a continué cette semaine à donner aux Canadiens un aperçu de la manière dont le gouvernement libéral minoritaire espère changer l'économie dans le contexte de l'attaque tarifaire américaine.
Secteur par secteur
Le premier ministre a suscité de nouvelles inquiétudes quant aux perspectives de renouvellement d'une relation commerciale sans droits de douane avec les États-Unis sous la présidence de Donald Trump. M. Carney a déclaré que les responsables américains ne s'intéressaient actuellement qu'à la négociation d'éventuelles réductions des droits de douane sectoriels imposés par Donald Trump sur des secteurs tels que l'acier et l'aluminium, et non à la remise en place d'un accord de libre-échange global.
« Nous menons des négociations très détaillées, spécifiques et constructives pour l'industrie sidérurgique et l'industrie de l'aluminium », qui portent notamment sur certains « éléments » de l'industrie énergétique et « quelques autres composantes, car les Américains adoptent une approche sectorielle plutôt que globale », a-t-il déclaré.
Il est donc d'autant plus urgent de diversifier le commerce canadien en dehors des États-Unis et de produire davantage de biens au niveau national, a déclaré M. Carney.
« Notre objectif pour le Canada est de doubler nos exportations hors États-Unis au cours de la prochaine décennie, ce qui générera plus de 300 milliards $ supplémentaires en commerce », a-t-il déclaré. « Nous avions l'habitude de construire des choses dans ce pays. Nous pouvons recommencer. »
Interrogé sur les détails, M. Carney a souligné le soutien du gouvernement fédéral au développement portuaire, citant Grays Bay au Nunavut et le projet d'expansion du port de Montréal.
Libérer le potentiel
« Vous en saurez plus à ce sujet », a-t-il déclaré. « Alors, que pouvons-nous exporter davantage ? Il peut s'agir de minéraux essentiels provenant du Cercle de feu et de développer cela. Nous travaillons en étroite collaboration pour libérer cet énorme potentiel. »
Dans le cadre de ses efforts continus pour convaincre les Canadiens de l'intérêt du budget libéral, M. Carney a également déclaré pour la première fois que le budget introduirait une « stratégie de compétitivité climatique », qui, selon lui, « mettrait l'accent sur les résultats plutôt que sur les objectifs ». Aucun détail n'a été fourni.
La proposition du 4 novembre comprendra également un nouveau plan d'immigration qui alignera les niveaux d'immigration « sur nos besoins et notre capacité à accueillir les immigrants ».
M. Carney a ajouté que le « cœur » du budget comprendra des mesures visant à générer des investissements dans l'économie. « Notre gouvernement a la capacité financière d'agir de manière décisive et nous devons tirer parti de ces atouts dès maintenant », a-t-il déclaré, ajoutant que le gouvernement souhaite « catalyser des investissements sans précédent » au cours des cinq prochaines années.
Il a prévenu que les Canadiens pourraient devoir faire certains sacrifices, car le budget donne la priorité aux investissements favorables à la croissance tout en visant à réduire les dépenses de fonctionnement du gouvernement fédéral.
Toutefois, en répondant aux questions des journalistes, le premier ministre s'est abstenu de révéler quels programmes ou services gouvernementaux pourraient être supprimés ou plafonnés aux niveaux de dépenses actuels. Il a toutefois déclaré que les programmes sociaux seraient protégés.
Le budget comprendra également un soutien fédéral à l'apprentissage, à la formation professionnelle et à une nouvelle stratégie de gestion des talents « afin que la prochaine génération de scientifiques et d'innovateurs puisse faire carrière au Canada », a déclaré M. Carney.
Il a également déclaré que le budget accordera la priorité à une politique d'achat de produits canadiens, en particulier pour le bois d'œuvre, l'acier, l'aluminium, les produits manufacturés et la technologie canadiens destinés à des projets nationaux.
Soumissions de la FINA
Le Comité des finances de la Chambre des communes a reçu 948 soumissions dans le cadre de sa consultation prébudgétaire, dont une duGroupe pour la promotion de la prospérité rurale.
Voici quelques points saillants des soumissions qui recommandent de soutenir les régions rurales du Canada :
Fédération canadienne des municipalités
Financement dédié aux infrastructures rurales : le gouvernement devrait fournir au moins 500 millions $ par an pendant 10 ans pour le financement dédié aux infrastructures rurales.
Les infrastructures rurales sont la première étape pour mettre les produits sur le marché, mais les municipalités rurales ont des charges importantes en matière d'infrastructures et des assiettes fiscales réduites. Un financement dédié aux nouvelles infrastructures rurales et à l'entretien des infrastructures rurales existantes, telles que les routes et les ponts, permettra de réaliser des projets de construction nationale, de diversifier les échanges commerciaux et de stimuler la productivité.
Les Producteurs laitiers du Canada
Reconnaître le secteur agricole et agroalimentaire comme un moteur essentiel de l'économie canadienne en appliquant une perspective rurale, agricole et concurrentielle à la prise de décision gouvernementale.
Le Canada rural et sa communauté agricole sont des éléments importants du tissu social de notre pays et sont essentiels à la prospérité de l'économie canadienne. Le secteur agroalimentaire contribue collectivement à hauteur de près de 150 milliards $ par an au PIB du Canada et emploie 2,3 millions de personnes. Nous sommes le plus grand secteur manufacturier et un moteur clé de la croissance économique nationale. Nous sommes également un partenaire important en matière de durabilité et de sécurité alimentaire pour les Canadiens. Malgré cela, le secteur est souvent négligé dans le processus d'élaboration des politiques, ce qui peut conduire à des politiques ayant des conséquences imprévues, dont certaines peuvent avoir un impact sur notre croissance et notre compétitivité mondiale.
Le gouvernement fédéral devrait refléter le statut du secteur agricole et agroalimentaire en tant que priorité nationale et moteur essentiel de l'économie canadienne en veillant à ce que le processus d'élaboration des politiques tienne compte des aspects ruraux, agricoles et de la compétitivité. Pour soutenir cet objectif, la Directive du Cabinet sur la réglementation devrait être modifiée afin d'exiger que cette optique soit appliquée aux règlements établis par les principaux organismes de réglementation gouvernementaux tels que l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) et l'ACIA. Cela leur permettrait de refléter les intérêts économiques et la compétitivité des producteurs, tout en protégeant la santé et la sécurité des Canadiens et de l'environnement.
Association des infirmières et infirmiers du Canada
Planification et mobilité de la main-d'œuvre : renforcer les systèmes de données intégrés et ouverts sur la main-d'œuvre, en utilisant Nursys et les identifiants uniques des infirmières et infirmiers du Canada, et appliquer des outils de prévision pour aligner l'offre de main-d'œuvre sur les besoins de la population en matière de santé. Harmoniser la réglementation et l'autorisation d'exercer la profession d'infirmière et d'infirmier dans toutes les provinces et tous les territoires afin de créer une approche plus cohérente et coordonnée et d'améliorer la mobilité de la main-d'œuvre infirmière, en particulier pour améliorer l'accès aux soins dans les communautés rurales, nordiques et autochtones.
Des investissements supplémentaires seront nécessaires pour que les organismes de réglementation des soins infirmiers mettent pleinement en œuvre Nursys au Canada, afin d'éclairer la planification de la main-d'œuvre en matière d'offre et de répartition.
Société des médecins ruraux du Canada
Que le gouvernement réinvestisse 25 millions $ dans le Programme national de formation et de perfectionnement des compétences pour la pratique en milieu rural afin de renforcer les capacités en matière de soins de santé dans les communautés rurales.
Le besoin d'une main-d'œuvre solide, qualifiée et accessible n'a jamais été aussi urgent. Il est essentiel de veiller à ce que les médecins exerçant dans les communautés rurales possèdent des compétences qui vont au-delà des soins de santé primaires complets, par exemple les soins d'urgence, l'anesthésie, l'obstétrique, la chirurgie, les soins palliatifs et la santé mentale, afin de garantir que les patients puissent accéder à des soins de haute qualité dans les communautés rurales.
Municipalités rurales de l'Alberta
Donner la priorité aux investissements dans les corridors économiques ruraux. Des corridors de transport efficaces reliant les producteurs ruraux et les secteurs des ressources aux marchés nationaux et internationaux sont essentiels à la croissance économique. Les programmes fédéraux d'infrastructure devraient :
Cibler les améliorations des principaux corridors ruraux qui facilitent le transport de marchandises telles que les produits agricoles et les ressources énergétiques.
Améliorer la connectivité et la capacité logistique afin de maintenir la position concurrentielle du Canada à l'échelle mondiale.Soutenir les municipalités rurales dans la gestion des infrastructures des corridors afin de maximiser les avantages économiques.
Des investissements stratégiques dans ces corridors permettront de libérer le potentiel économique rural et de renforcer les chaînes d'approvisionnement.
