L'esprit d'entreprise de la Saskatchewan alimente la poussée technologique agricole du Canada

Kyle Folk, chef de la direction de Ground Truth Ag. / PHOTO DE GROUND TRUTH AG

La réputation croissante de la Saskatchewan en tant que pôle technologique agricole n'est pas le fruit du hasard, selon Kyle Folk, chef de la direction de Ground Truth Ag, qui souligne que la culture de la province en fait un terrain fertile naturel pour l'innovation.

« Si vous allez dans la Silicon Valley, que vous sortez prendre un café ou un thé dans un café local, vous verrez ou entendrez des gens discuter de jeunes entreprises technologiques », a fait valoir M. Folk dans le balado RBC Disruptors: The Canada Project. « Il en va de même pour la Saskatchewan... Vous êtes immergé lorsque vous êtes en Saskatchewan. Vous êtes complètement exposé à l'agriculture, que cela vous plaise ou non. »

M. Folk estime que cet environnement donne à la province un avantage alors que l'agriculture mondiale se modernise à grands pas. « Nous avons clairement un avantage en matière de technologie agricole », a-t-il fait valoir. « D'ici cinq à dix ans... nous serons la puissance technologique de l'agriculture. »

Ground Truth Ag, fondée par M. Folk après son retour à l'agriculture et après avoir constaté de ses propres yeux à quel point la détérioration et le classement irrégulier des céréales nuisaient aux producteurs, développe des outils basés sur l'intelligence artificielle afin d'automatiser l'un des processus manuels les plus complexes de l'industrie. Le classement des céréales, qui n'a pratiquement pas changé depuis plus d'un siècle, repose encore largement sur l'évaluation humaine. « C'est un processus manuel », explique M. Folk. « Il faut jusqu'à huit ans pour former complètement un classificateur de céréales. »

Son entreprise vise à changer cela en utilisant la vision artificielle, la spectroscopie proche infrarouge et l'apprentissage profond. Le système peut identifier plus de 50 caractéristiques visuelles en quelques minutes, une tâche qui prendrait plusieurs jours à des classificateurs humains. Selon M. Folk, cette rapidité donnera aux agriculteurs une plus grande certitude et un meilleur contrôle. « Si vous aviez notre appareil dans votre cour et que vous pouviez classer vos céréales immédiatement, vous sauriez à quel prix vous pourriez les vendre », explique-t-il. « C'est un état d'esprit différent. »

Parallèlement à ces avancées émanant des jeunes entreprises, les leaders du secteur affirment que le Canada doit accélérer ses efforts d'innovation à plus grande échelle afin de rester dans la course au niveau mondial. Murad Al-Katib, chef de la direction d'AGT Food and Ingredients, a prévenu que l'avantage concurrentiel du pays dépendait de l'adoption de nouveaux outils et systèmes de données dans l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement.

« Nous faisons plus avec moins, ce qui est en fin de compte l'objectif de la commercialisation de la technologie et de l'innovation », a déclaré M. Al-Katib. Il a souligné que le secteur agricole canadien avait vu ses exportations passer de 45 milliards $ à 85 milliards $ en seulement trois ans, une augmentation qu'il attribue à la hausse de la productivité et de la demande mondiale.

M. Al-Katib a toutefois prévenu que le succès à long terme nécessite également la modernisation des infrastructures. « Nous devons planifier à quoi ressemblera l'infrastructure commerciale en 2050 et 2060, et non en 2026 », a-t-il déclaré, plaidant en faveur d'investissements importants pour renforcer la chaîne d'approvisionnement du Canada.

Les deux dirigeants s'accordent à dire que les enjeux sont importants : la demande alimentaire mondiale augmente fortement et le Canada est confronté à une concurrence féroce de la part de pays comme le Brésil et le Kazakhstan. Cependant, ils voient également une opportunité générationnelle pour les producteurs canadiens si le pays continue à investir dans les technologies appropriées et dans les personnes qui les développent.

Comme l'a dit M. Folk, la prochaine ère de l'agriculture appartiendra à ceux qui seront capables de mesurer et de gérer la qualité avec une précision sans précédent. « On ne peut pas gérer ce qu'on ne peut pas mesurer », a-t-il insisté. « La qualité des céréales qui sortiront du Canada ne fera qu'augmenter et s'améliorer... nous sommes toujours parmi les meilleurs au monde, sinon les meilleurs. »

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