Les conflits sociaux menacent l'économie canadienne, déclare Mme Raitt au Sénat

« On doit se dire que chaque maillon de la chaîne d'approvisionnement, du chemin de fer d'intérêt local en Saskatchewan au terminal à conteneurs de Prince Rupert, contribue à notre compétitivité, et que chacun mérite de la prévisibilité, de la clarté et un cadre réglementaire moderne », dit Lisa Raitt.

Les conflits sociaux dans le secteur des transports risquent de perturber l'économie canadienne et de nuire à la réputation du pays en tant que partenaire commercial si le cadre réglementaire actuel reste en place, selon l'ex- ministre fédérale Lisa Raitt.

Mme Raitt, vice-présidente de la division Services bancaires d'investissement mondiaux à la CIBC et coprésidente de la Coalition pour un avenir meilleur, a comparu devant le Comité sénatorial permanent des transports et des communications à la fin du mois de novembre pour témoigner au sujet du maintien des services de transport en cas de conflits de travail.

« Les secteurs qui transportent nos marchandises ne font pas que nourrir nos familles, chauffer nos maisons, approvisionner nos hôpitaux, soutenir notre agriculture et alimenter nos industries, ils rassemblent aussi les gens — ils transportent aussi ces marchandises essentielles vers nos partenaires partout dans le monde », a dit Mme Raitt dans sa déclaration liminaire.

« Si on veut vraiment construire une économie pancanadienne — compétitive, connectée et résiliente —, on doit vraiment moderniser notre façon de penser les services essentiels et les transports », a-t-elle ajouté.

Selon Mme Raitt, l'économie canadienne doit s'appuyer sur des infrastructures modernes, une chaîne d'approvisionnement résiliente et un système réglementaire adapté à « l'économie de demain ». Elle a proposé au comité d'examiner plusieurs pistes : élargir la définition des « services essentiels » pour inclure ceux dont dépend la sécurité économique du Canada ; exiger des plans de continuité préventifs pour les corridors économiques essentiels ; et mettre au point des outils structurés et assortis de délais pour le règlement des différends.

Mme Raitt a prévenu les sénateurs que les conflits de travail dans les secteurs ferroviaire et maritime ne sont plus des conflits industriels isolés, mais des risques systématiques qui se répercutent sur l'ensemble de l'économie, en particulier dans les régions qui dépendent d'un seul corridor de transport pour accéder au marché.

« Nous devons reconnaître que chaque maillon de la chaîne d'approvisionnement, du chemin de fer d'intérêt local en Saskatchewan au terminal à conteneurs de Prince Rupert, contribue à notre compétitivité et mérite une prévisibilité, une clarté et un cadre réglementaire moderne », a-t-elle déclaré. Selon elle, les perturbations dans une partie du réseau peuvent avoir des répercussions négatives sur l'économie nationale.

Mettre en place des cadres solides pour la stabilité du travail aiderait à créer plus d'opportunités pour des entreprises comme les ports, qui risquent actuellement de perdre des affaires à cause d'une grève qui pourrait arriver.

« Il est très difficile, sénateur, pour une entreprise de comprendre ou d'imaginer que dans environ 15 mois, nous pourrions être confrontés à un autre arrêt de travail dans le système portuaire de la Colombie-Britannique », a-t-elle déclaré. « Cela nous oblige à prendre certaines décisions qui nous placent dans la situation actuelle, où les ports américains deviennent très attractifs. »

Une décision récente de Nutrien, une grande entreprise canadienne de potasse, illustre bien les conséquences de cette situation : elle a choisi d'expédier ses produits depuis un port américain plutôt que canadien. Mme Raitt a laissé entendre qu'aux États-Unis, « tous les paris sont ouverts » lorsqu'il s'agit de favoriser la croissance économique.

« Ils vont utiliser tous les outils possibles pour attirer ce genre de groupe dans leur système, parce que ça crée des emplois et leur donne une super opportunité », a-t-elle dit.

En évaluant leurs options, Mme Raitt est « certaine » que la société a pris en compte la stabilité de la main-d'œuvre et la flexibilité des différents ports. Malheureusement, les ports canadiens ont du mal à attirer des opportunités à cause de la façon dont ils sont gérés.

« Nous sommes en concurrence avec eux non seulement sur le plan des coûts, mais aussi sur le plan de notre crédibilité en termes de capacité à maintenir un service », a-t-elle expliqué.

En outre, les entreprises peuvent souffrir à cause d'actionnaires impatients ou de clients frustrés, a-t-elle ajouté plus tard.

Pour améliorer la stabilité de la main-d'œuvre, Mme Raitt a suggéré que les syndicats et les entreprises aient besoin d'outils plus structurés et d'un accès à la médiation. De plus, les ministres ne devraient pas être impliqués trop tôt dans le processus, car ils n'ont qu'un seul outil à leur disposition, la loi sur le retour au travail, qui est brutale et limitée dans ses capacités.

Cependant, Mme Raitt a dit qu'elle n'était pas sûre que les parties souhaitent trouver des solutions permanentes pour établir la paix sociale, les syndicats et les entreprises profitant tous deux du système.

« On dirait que ce sont toujours les consommateurs canadiens qui en font les frais quand les deux entités se bloquent mutuellement ou font grève », a-t-elle dit.

Même si Mme Raitt a suggéré que le comité envisage la possibilité de classer les secteurs des transports comme des services essentiels, ce qui les empêcherait de faire grève, elle a prévenu que cela devrait se faire en collaboration constructive avec les syndicats de tout le pays. Sinon, cela finirait par causer des « grèves sauvages » et irriter les actionnaires importants.

« Nous essayons de se diversifier et de pivoter, mais c'est impossible si la chaîne d'approvisionnement n'est pas fiable », a-t-elle dit.

Pour conclure, Mme Raitt a laissé entendre que la situation conflictuelle actuelle est la plus grande menace pour la fiabilité de la chaîne d'approvisionnement.

« Si nous arrivons à convaincre tout le monde que nous partageons un objectif commun, celui de la prospérité économique... c'est peut-être la voie à suivre », a-t-elle conclu.

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